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Dans ma bibliothèque – Avoir le vertige dans l’espace n’est pas conseillé

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« Quoi, encore de la S-F ? » Ben le fait est que je n’avais même pas prévu un article pour cette semaine au départ, mais je viens juste de terminer le livre et j’ai eu envie de vous en parler. Parce que sans être non plus du niveau d’un livre « culte », il mérite qu’on s’y arrête un petit peu…

Le livre :
Les Pousse-Pierre est un roman écrit (j’insiiiiiiiste) par un auteur français, Arnaud Duval, et publié en 2011 aux Éditions du Riez, puis ressorti en poche chez Folio. Le livre mélange space opera, robots intelligents et révolution de « machines », politique, incompréhension de civilisations et tutti quanti. Le roman a reçu le prix Futuriales de la révélation jeunesse en 2012. Comme la version poche est récente, vous le trouverez certainement très facilement.

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L’auteur :
Impossible de mettre la main sur un biographie complète de ce monsieur, donc voici les quelques infos qu’on peut trouver : architecte logiciel dans la « vraie vie », et participant au collectif CoCyclics depuis 2007, Arnaud Duval a écrit deux romans (pour l’instant), celui ci et Les ombres de Torino. Selon la présentation de son éditeur il aime le poker, les spéculations scientifiques et le Whisky écossais.

Mon avis :
Aïe aïe aïe c’est là que les difficultés commencent.. Ce que je pense de ce livre est extrêmement complexe. Pourquoi ? Parce qu’il a fallu que je le finisse pour comprendre qu’il s’adressait plus à un public « jeunesse » (ce que le monde de l’édition appelle jeunesse du moins), alors que tout au long de ma lecture je le prenais pour un roman accessible grand public ascendant adulte. Et cela a forcément eu une influence sur mon jugement, même si j’aime autant la littérature jeunesse que la littérature « adulte » (je pourrais passer des heures à débattre de ces découpages mais on va éviter ^^). Je vous explique.
La situation au début du livre est relativement simple et rapidement résumée : dans le système solaire de 2170, on dénote trois « camps » qui sont autant d’idéologies, de modes de pensées et de vie et qui vivent dans un équilibre de plus en plus fragile : les Terriens vivent sous la coupe de corporations qui ont remplacé les états. Ils n’ont aucun accès à l’espace et manquent de certains matériaux de base pour leur civilisation. Les Spatieux, aussi appelés Pousse-Pierre, prospectent dans leurs vaisseaux à la recherche de matières premières, dans le système, notamment de minerais. Au milieu, les Lagrangiens, technophiles, idéalistes et finalement pas assez ancrés dans la réalité des uns et des autres, font le lien entre Terriens et Spatieux et interdisent l’espace aux Terriens.  Tout cela s’équipe de moyens de transports dans l’espace et robots parfois assez développé pour aller jusqu’à ressentir des sentiments (!). Mention spéciale à des allusions de culture parfois extrêmement pointues : mythologie antique, histoire de l’espace, et mon petit chouchou, l’atelier Vaucanson d’Eloane qui produit et répare les robots (si vous ne saisissez pas l’allusion, allez chercher qui est Vaucanson et appréciez à votre tour ^^).
Lorsqu’un vaisseau Spatieux est détruit aux alentours de Jupiter, ne laissant pour survivant qu’une jeune fille et son robot rapidement recueillis par un autre vaisseau Spatieux, lorsqu’une famille terrienne émigre clandestinement sur la station spatiale des Lagrangiens, Eloane, au grand dam du fils aîné, personne ne semble se douter que ce sont les prémices d’une crise à échelle spatiale qui commence, à l’instigation des corporations terriennes qui sont de plus en plus exaspérées par la ségrégation dont elles font l’objet et notamment par le fait qu’elles n’ont pas un accès direct à l’espace et dépendent donc du bon vouloir de leurs fournisseurs de matériaux. C’est le début d’un conflit violent où tout le monde se retrouvera bien malgré soi avec un rôle à jouer.
Eeeet c’est là que pour moi le problème commence. On a une superbe situation initiale, on a le cadre rêvé pour une histoire brillante. Mais pour « jeunesse ». Les héros sont Richard, adolescent Terrien émigré malgré lui, qui ne voit comme argument de rester sur Eloane qu’une fille qui lui plaît, et Maureen, adolescente ayant récemment perdu ses parents qui n’a pas le temps de les pleurer, car elle doit à la fois rembourser les dégâts que sa capsule de survie a provoqué sur le vaisseau qui l’a recueillie et comprendre ce qui est réellement arrivé à son propre vaisseau. De temps en temps, quelques personnages secondaires adultes viennent compléter le tableau, mais les plus développés d’entre eux ne sont finalement que la « figure d’autorité » qui vient encadrer les deux ados. C’est presque du gâchis, lorsqu’on a une histoire aussi bien amenée, de la limiter à ce qu’on pourrait appeler un roman d’initiation. Surtout qu’au final, les faits n’apportent pas grand chose à la situation, l’intrigue pourrait être résumée à « oh, ces méchants et barbares Terriens que nous avons parqués dans leur planète et que nous méprisons en tolérant juste de leur vendre ce dont ils ont besoin nous ont attaqués pour changer l’ordre du monde, heureusement nous avons pu tout remettre à la normale ». Bon, j’ose penser que ce n’est pas forcément ce que l’auteur a voulu dire. Mais en ce qui me concerne, c’est comme ça que je l’ai vu. Beaucoup de bruit (et de morts) pour un résultat quasi nul, qui n’apporte qu’un passage à l’âge adulte des deux jeunes héros. Une fois de plus, mais quel gâchis, surtout que les descriptions à contenu scientifique, les explications, les conditions de vie et certains rebondissements me paraissent parfois plus développés et durs qu’il ne faudrait pour la fameuse catégorie « jeunesse »…

Bref, un roman jeunesse pas trop mal, qui aurait pu être un chef d’œuvre s’il avait été écrit pour adultes. C’est pour ça que je ne lui mets que 13/20. Une fin qui pose plus de questions, des personnages adultes plus développés, tout cela lui aurait valu un 17/20. Comme quoi…

Un extrait :
«Ils venaient de s’engager dans un nouveau couloir, seuls à l’exception d’un homme qui les précédait, l’ai absorbé. Dinah se figea brusquement.
– Richard, Sophie ! Revenez immédiatement vers le port !
Richard ne reconnut presque pas sa voix, sèche et autoritaire.
– Doi aussi, Maureen ! Ajouta Beppie.
Le robot se pressait contre sa jambe pour la repousser dans la direction d’où ils venaient. Le cliquetis de la patte endommagée se répétait avec insistance.
– Mais…
Maureen réagit la première et attrapa les bras de Sophie et Richard :
– C’est une urgence, ne cherchez pas à comprendre. Vite !
Elle les entraîna vers la cloison de séparation qu’ils venaient de traverser, une grande porte coulissante avec un panneau vitré au centre. Au milieu du couloir, l’homme s’était arrêté et les regardait avec incompréhension. Un grincement attira l’attention de Richard. Il se retourna juste à temps pour voir une grille d’aération tomber au sol. Une forme floue en jaillit, s’immobilisa une fraction de seconde. Richard put tout juste distinguer une silhouette quadupédique qui scintilla d’une couleur huileuse et changeante avant de se diriger vers l’homme qui se rejeta en arrière en criant. »