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Dans ma bibliothèque – L’acacia ou le symbole d’une saga

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J’ai eu l’occasion de dire que je ne comptais pas présenter ici des livres ou des séries connues, ça ne vous servirait à rien et je suis sûre que mes notes seraient vite remises en question (par contre je n’ai pas eu l’occasion de signaler que je ne peux pas faire un article par semaine sur le sujet, donc vous excuserez mes absences des derniers mercredis :p). Je parle plus naturellement de livres que j’ai appréciés et qui ne sont pas forcément des plus connus.  La trilogie de fantasy dont je vais parler aujourd’hui, est pour ce que j’en sais finalement assez méconnue (comprenez par là que dans mon entourage qui pratique pourtant assidument le genre, je suis la seule à la connaître pour l’instant). Je suis tombée dessus par hasard et je ne l’ai pas franchement regretté, c’est pourquoi aujourd’hui je vous la présente. Il s’agit d’Acacia. Qui en a entendu parler ? Qui l’a lue ?

Les livres :
Acacia est une trilogie dont le premier tome, La Guerre du Mein, a été publié aux États Unis en 2007, puis en France en 2008 chez Le pré aux Clercs (collection fantasy). Les deux autres tomes suivront en 2009 (Terres Étrangères) et 2011 (L’Alliance sacrée). Elle existe aujourd’hui également en poche pour une douzaine d’euros le tome et chez France Loisirs.

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L’auteur :
David Anthony Durham, né le 23 mars 1969 à New York, est un romancier américain, auteur de romans historiques et de fantasy. La série Acacia lui a valu le John W Campbell Award du meilleur écrivain de fantasy.

Mon avis :
L’île d’Acacia est le cœur isolé d’un grand empire taillé à la force de l’épée par une dynastie désormais en passe de s’éteindre, dont le représentant actuel, Leodan Akaran, entretient le rêve idéaliste et à priori irréalisable de supprimer l’horreur qui depuis des générations fait la grandeur de son propre royaume : un trafic d’esclaves dont on ignore la destinée en échange d’une drogue qui assure une certaine forme de docilité de la population. Alors que les guerriers Mein du Nord s’apprêtent à envahir le pays, le roi est assassiné et ses quatre enfants sont séparés pour leur protection. Chacun s’apprête à vivre une expérience particulière au contact d’un des peuples qui forment l’empire.
Ne vous fiez pas aux apparences. Ce qui pourrait paraître le début d’une banale histoire d’affrontement entre différents pays dans une atmosphère fantasy classique et bien décrite finit par se complexifier, et surtout ne se résume à une simple guerre des gentils contre les méchants, car tous les personnages ont leur part d’ombre. Si ces derniers sont un peu des archétypes, on s’y attache au fil du récit, on souffre avec eux, on aimerait leur crier dessus lorsqu’ils font des erreurs, les secouer lorsqu’ils perdent espoir et les encourager lorsqu’ils luttent. Des questions délicates comme celles de l’esclavage, des luttes pour le pouvoir, politique ou magique, du sacrifice de population pour le confort d’une minorité, sont posées régulièrement et n’ont pas de réponse idéaliste. Quel qu’il soit, aucun problème, aucune situation délicate ne trouvera de réponse parfaite. Un livre peut être un peu plus sombre que pas mal de sagas du même genre sur le marché, peut être plus sérieux aussi, car le style et les descriptions rendent l’univers terriblement réaliste et finalement contemporain malgré son ambiance  médiévale-fantastique.

L’ensemble de la trilogie mérite selon moi un bon 17/20, une note qui aurait pu être plus élevée sans le côté un peu grandiloquent de certains passages notamment du tome 3.

Un extrait : (Tome 1, La guerre du Mein).
« (…)

– L’autre jour, Mena m’a questionné au sujet de la Répartition.
– Que lui avez vous dit ?
– Rien. Pourquoi devrait-elle apprendre que dans ses veines coule un sang de bouchers ? C’était il y a bien longtemps, et nous ne sommes plus ainsi.
– Vous avez raison de dire que c’était il y a longtemps, approuva Thaddeus. Vingt-deux générations… Quel enfant peut comprendre cela ?
Le roi s’en souvenait. Quand Mena avait posé la question, il avait saisi dans les yeux de sa fille la lueur de quelque chose qui était moins de la foi, moins que l’acceptation complète de ses affirmations. Et n’était-ce pas de la perspicacité de la part de l’enfant ? Après tout, il avait marmonné un mensonge éhonté de plus. La Répartition n’a vraiment aucun rapport avec nos vies ? Un mensonge énorme exprimé d’une voix rassurante. Combien de temps encore pourrait-il éluder ces questions ? Bien sûr, ce n’était pas seulement Mena qui avait commencé à s’interroger. Dans les prunelles d’Aliver, il lisait une incertitude et un manque de confiance qui semblaient parfois sur le point de l’exprimer.
– Je dois préciser que le secrétaire a demandé aux gouverneur d’intercéder dans la demande de procès que les mineurs de Prios ont déposée contre…
– Dois-je vraiment m’occuper de cela ? Je déteste tout ce qui se rapporte aux mines.
– Très bien. Les gouverneurs peuvent se charger de cette affaire. Mais il y a quelque chose qu’ils ne peuvent régler…., dit Thaddeus, lèvres pincées, en attendant que le regard du roi croise le sien pour continuer. Les représentants de la Ligue veulent vérifier que vous allez vraiment rejeter l’exigence du Lothan Aklun qui veut augmenter le Quota.
Cette dernière phrase suffit presque à arracher l’esprit du roi aux effets ouatés de la drogue. (…) »