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Dans ma bibliothèque – J’avais dit « pas de Zola », et pourtant…

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Je me rends compte que je ne vous propose presque que des livres « sérieux » ici… Va falloir changer ça, vous allez finir par penser que je ne sais pas rigoler… Et du coup, si on parlait de Zola ? Ah Zola… Ses pavés qui donnent des sueurs froides à des générations d’élèves, ses descriptions sans fin, ses opinions et engagements politiques, ses Rougon-Macquart… Non j’déconne, rassurez vous, je ne vais pas vous parler d’Émile Zola… Je vais plutôt vous présenter Gordon…. Gordon Zola… (et là, vous commencez à vous demander sur quoi je me suis cognée la tête…).

Le livre :
Je pourrais parler abondamment des livres de Gordon Zola qui sont tous plus ou moins écrits sur le même principe : la grosse déconne et la critique satirique. Alors, parce qu’il faut bien faire un choix, je vais vous présenter le premier que j’ai lu (mais qui est loin d’être le premier écrit) : C’est pas sorcier Harry. Vous l’aurez compris rien qu’à la lecture du titre, ce livre se veut une caricature de roman (une caricature mi policière mi fantastique en l’occurrence) qui égratigne au passage de nombreux titres de la littérature  (ici Harry Potter, mais je pense que ça aussi vous l’aurez compris) en alternant avec un humour qui ne se veut ni vraiment fin ni vraiment subtil l’histoire en elle même et les commentaires bien sentis de son auteur… Au fait, si vous êtes arrivés jusqu’ici sans avoir saisi le jeu de mot pourri du nom (ou plutôt du pseudo) de celui ci, je vous invite à reprendre l’article du début…. Eh oui, autant vous habituer tout de suite à en lire des bonnes et des moins bonnes…
Le livre a été édité en premier lieu aux éditions du Léopard Masqué, mais vous le trouverez aussi chez Pocket pour une somme modique (moins d’une dizaine d’euros) bien qu’aux dernières nouvelles il était en passe d’être épuisé…

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L’auteur :
De la biographie de l’auteur nous ne savons pas grand chose, sinon ce que veulent bien avouer les quelques lignes en première page (et mon ressenti de visu) c’est à dire qu’il est franco-normand, adepte de la théorie disant qu’il existe deux sortes d’individus, l’Homo serius et l’Homo deconnus (il se rattache de lui même à la seconde), qu’il a une quarantaine assez bien tassée (estimation personnelle à vue de nez et sans vouloir vexer personne) et qu’il a donc écrit pas mal de bouquins avec quelques exemples de titres dans le désordre : Les suppôts de Sitoire, Mozart est là, La fausse celtique, Doigt light, etc… Vous commencez à voir où je vous emmène ? (Si non, lisez moi tout ça à voix haute, ça vous aidera….).

Mon avis :
Un titre alléchant pour la Pottermaniaque que j’ai été dans mon jeune temps et une couverture prometteuse, voilà tout ce que je savais du livre au moment de l’ouvrir. J’avoue que je ne m’attendais pas à une lecture très sérieuse, heureusement d’ailleurs. Résultat, me voici quelques années après à la tête de près d’une dizaine de titres de Gordon Zola, qui outre qu’il est très sympathique en séance de dédicaces, est également très productif…
L’histoire est simple en apparence : alors que le succès Harry bat son plein, les vrais sorciers, courroucés de voir leur image de marque mise à mal par ce qu’ils considèrent comme des mensonges et se sentant ridiculisés, décident de se rappeler au bon souvenir du monde par quelques actions bien senties. Les crimes occasionnés attirent l’attention du Commissaire Guillaume Suitaume (encore une fois à prononcer à voix haute comme approximativement tous les noms propres de ce livre, et des autres) qui part à la recherche de la vérité… Mais alors, quel rapport avec les rappels mythologiques (le mythe du Minotaure comme nul prof d’histoire ou de latin ne vous le contera), historiques (Nicolas Flamel, vraiment ?) ou bibliques (mais que vient faire Salomon dans cette histoire?) qui parsèment le roman entre deux chapitres d’intrigue ? Tout se suit, tout se tient, et vous invite à comprendre la vérité dans une révélation plus rocambolesque que tout dans les chapitres finaux…
Je vous le dis de suite : c’est lourd… Jeux de mots plus ou moins pourris omniprésents, sous entendus réguliers, blagues plus effrayantes les unes que les autres et interventions fréquentes de l’auteur lui même pour, au choix, clarifier, complexifier, mettre au point ou s’auto congratuler… Tout cela manque un peu de subtilité… Ce qui ne fait que rendre le tout plus savoureux (une fois qu’on est habitué). C’est aussi quelque chose de chercher ici et là les petits clins d’œil, des allusions culturelles (des citations historiques, l’exorciste, James Bond, des contes de fées, etc…), le tout dissimulé et éparpillé dans le récit avec un naturel qui fait plaisir à voir ! Saupoudré d’une fine touche de fantastique qui permet parfois des explications capillotractées (mais sans exagération toutefois)….
Sachez en outre que de façon inattendue vous pouvez parfaitement apprendre des choses via ces livres : et oui, même si la façon de le raconter est complètement loufoque, certaines anecdotes préalablement évoquées sont historiquement ou mythologiquement justes…

Tout ça pour dire que si vous n’avez pas peur d’un humour un peu bourrin et de références culturelles brassées et distillées dans un récit caricatural, je vous recommande cette lecture, qui n’est pas compliquée, ne vous prendra pas la tête (surtout si vous accrochez au genre) et à laquelle je mets un petit 16,50/20 (pas moins parce que je suis très accro à ce style, pas plus parce qu’il reste un peu lourd des fois ^^).

Un extrait :
« […]Les six trognes faisandées étaient sans expression.
Comme téléguidés, ils s’arrêtèrent en rang d’oignons mal plantés devant Bombo Lundi en faisant des gestes un peu saccadés…
Je ne vous cache pas que je m’inspire des films d’horreur que j’ai vus, n’ayant jamais rencontré personnellement de zombies (sauf à la Poste). Je fais donc confiance à la vision un peu ridicule de mes prédécesseurs en zombinerie pour vous brosser le tableau de leurs sales gueules et de leurs gestes désordonnés et imbéciles.
Lundi s’approcha de ses créatures – comment appeler autrement des morts qu’il arrive à faire sortir des ténèbres-, ouvrit un grand sac qu’il portait en bandoulière et leur remit à chacun une machette.
Un éclat de lune aurait pu se refléter dans l’acier menaçant, me permettant par là même une phrase un peu poétique, mais l’astre sélène n’étant pas là, je suis marron.
De ridicules et effrayants, les morts vivants devenaient dangereux. Le sorcier vaudou sortit de son calme apparent et se mit soudain à leur parler avec un débit à rendre jalouse une chasse d’eau. Du langage incompréhensible, du sabir venu d’ailleurs… Suitaume se tourna vers son inspecteur qui était en train de se compter les doigts de pied en tremblotant du corps et des dents. […] »

En espérant vous avoir tenté, à la semaine prochaine pour un nouveau livre !