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Dans ma bibliothèque – Le retour de l’OVNI

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Arf, je suis un peu en retard pour le livre de la semaine on dirait… *mauvaise foi on* il fallait bien que je prenne un peu de repos après le week-end harassant que j’ai passé (3 jours de Salon du Livre non stop, ça vous crève un Chat, même de combat….). Mais j’en ai ramené pas mal de nouvelles découvertes et notamment le livre du jour….

Le livre :
Vous vous souvenez sans doute qu’il y a déjà quelques temps de cela, j’avais fait une présentation de C’est pas sorcier Harry, un des déjà nombreux livres de Gordon Zola, une présentation qui, si ma mémoire est bonne, avait tenté plusieurs d’entre vous. Eh bien, et sans vouloir jouer la facilité, ni vous dire une fois de plus que l’auteur est à connaître (même si c’est vrai, et je ne suis pas payée pour le dire je précise ^^) je reviens du Salon avec plusieurs de ses dernières productions en date, et l’une d’entre elles notamment m’a particulièrement plu, voici de quoi il est question :

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Sorti uniquement aux éditions du Léopard Masqué, il coûte malheureusement la non-bagatelle de 16€ (15 ici).

Mon avis :
Vous qui avez lu mon article précédent sur Gordon Zola, abandonnez tout espoir de trouver dans ce tome des enquêtes de Suitaume un roman très sérieux, sans critique sous-jacente et piques bien senties. Vous allez vous retrouver, du moins dans un premier temps, en terra cognita… On se promène à nouveau dans cette écriture à mi chemin entre le burlesque et la critique, les blagues potaches, les jeux de mots osés, l’humour lourd, parfois très lourd, mais rarement trop, ce style bien particulier qui dédramatise des événements sanglants sans oublier d’éborgner à foison ce monde du Livre que Gordon Zola connaît bien en tant qu’auteur lui même. Le pur esprit de la devise de la maison : « quand ce qui prête à rire donne à penser ».
Les Parasites Artificiels, au départ, au jugé et au titre, me faisait penser à une obscure histoire de drogue quelconque, un trafic particulier que le commissaire Guillaume Suitaume (toujours lui) se ferait un plaisir de démanteler…. Et pourtant, l’ami Gordon himself, en me le dédicaçant, m’avait prévenue…
Point de drogue, sauf si vous considérez le livre comme tel… Voilà nos enquêteurs de choc sur la piste d’un mystérieux tueur en série, reconnaissable à la mystérieuse marionnette de cirage noir qu’il laisse en signature sur les traces de ses forfaits. Et il s’attaque désormais à des libraires ! Autodafé improvisé, relais H explosif, laissant comme un petit Poucet des indices jusqu’à sa prochaine cible, voilà un tueur qui fait tourner la police en bourrique et le monde du livre s’en ressent.
Mais quel rapport avec la mort et le testament controversé de Rémy Fabergé, auteur à succès de la série « Pantin et Filou » ? Qu’est cette mystérieuse secte où tous les membres portent des pseudonymes traduisibles parfois à leur image ? Coincé entre le tueur en série, le mystère qui flotte et son supérieur hiérarchique coléreux et éventuellement futur beau frère (sic), Suitaume en vient à soupçonner de meurtre… son propre auteur.
Parce que, dans un tour de passe passe d’écriture osé, Gordon Zola lui même, ne se limitant plus aux quelques remarques incises glissées ça et là dans son ouvrage, manie qui fait son charme et à laquelle il ne renonce heureusement pas, se glisse en plein dans l’intrigue, un exercice délicat, dont il se tire d’une façon honorable, laissant planer le doute jusqu’à la dernière minute…. Rha, si je n’avais pas peur d’en dire trop…. ! Entre passages descriptifs de l’enquête, plongées dans une séance mystique d’une secte osée, et extraits de presse délirants, s’ajoutant aux incises de l’auteur, la propre autobiographie de Gordon Zola (tome 24) se dévoile par extraits pour éclairer l’affaire… ou la plonger encore plus dans le bazar de l’enquête.
Si vous avez lu du (Gordon) Zola, et si vous avez aimé, jetez vous sur celui ci, il le vaut bien.

Je me souviens avoir décerné un 16, 5/20 au C’est pas Sorcier, Harry, je vais ici pousser jusqu’au 18/20 pour Les Parasites Artificiels, qui est de la même cuvée, avec en plus cet exercice difficile et brillamment réussi qu’est l’auteur en personnage de fiction.

Un extrait :
« (…) Le littérateur se leva, la main tendue…
– Gordon Zola, enchanté.
Suitaume sourit mollement et ne jugea pas nécessaire de montrer sa carte « spécial déliage de langue »
Il y avait comme une gêne.
Moi même, les amis, je ne sais pas trop comment gérer cette situation pour le moins étonnante. Mon prof de roman m’a soutenu mordicus que je n’avais déontologiquement pas le droit de faire ça ! Un auteur ne peut pas rencontrer son personnage ! Pensez bien que j’ai hésité, surtout que mon prof c’est pas de la gnognotte… Bah on verra bien.
– Je ne vous cache pas commissaire que votre coup de fil d’hier m’a étonné…. Pour ne pas dire inquiété… Je suppose que le Quai des Orfèvres ne déplace pas son meilleur représentant pour une simple affaire de parodie….
– En effet, je suis ici pour quelque chose de plus sérieux… Ce qui ne m’empêche pas de vous féliciter pour votre victoire contre les éditions du LOTUS MARIN, je crois…. Ce Necro Douèle est un rude adversaire.
– Le pot d’éther contre le pot d’enfer ! Répliqua l’écrivain.
– Vous ne perdez pas votre humour… C’est bien car je pense qu’il va vous en falloir une bonne dose quand vous saurez ce qui m’amène.
Gordon Zola sentit sa paupière droite cligner… Nerf malade… Rechute.
– Je vous écoute.
– J’aimerais juste connaître votre emploi du temps dans les dernières quarante-huit heures…
– Oh, oh ! On me soupçonnerait de quelque chose ? Fit le facétieux, faussement à l’aise.
– Votre emploi du temps, s’il-vous-plaît, reprit lentement et sèchement Suitaume.
Zola sentit que le ton n’était pas à la rigolade. Le roman policier était une chose, le policier en était une autre. (…) »