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Dans ma bibliothèque – Les autres, c’est rien que des sales types !

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Bonjour Foule ! Une fois n’est pas coutume, le titre de l’article du jour est aussi celui du livre que je compte présenter. Et une autre fois n’est toujours pas coutume, nous allons parler d’un livre qui se rattache à un type de littérature ni SF, ni fantastique, mais finalement quelque chose de bien contemporain. (Mais rassurez vous, je reviens à des livres plus dans le goût des précédents après, juste un petit écart vers un type de littérature plus basique). Alors oui, ça n’est pas le genre de livre qui plaira à tout le monde, mais une fois de temps en temps faut changer un peu de style ! Non mais franchement, vous voyez un livre qui s’intitule Les autres, c’est rien que des sales types ! , ça ne vous donne pas envie d’y regarder à deux fois ?

Le livre :
Paru exclusivement chez Julliard et disponible dans toutes les bonnes librairies pour le prix assez élevé malheureusement de 16€, Les autres, c’est rien que des sales types !, sous sa couverture jaune et rouge, n’est pas un roman à proprement parler, mais plutôt un rassemblement de textes courts de deux-trois pages. Chaque fragment est un portrait acide et poétique, toujours plein d’un humour pince-sans-rire, d’une catégorie de population dont l’auteur estime qu’elle est constituée de sales types : le conjoint, l’optimiste, le puritain, l’imbécile heureux, etc.. .

9782260017738

L’auteur :
Jacques A. Bertrand, à l’origine en tout et pour tout d’une bonne vingtaine d’ouvrages, est un auteur discret mais prolifique qui gagne à être connu, et qui doit savoir bien écrire et plaire, comme en témoigne le prix de Flore reçu en 1995.

Mon avis :
J’ai connu ces recueils de portraits, en bonne amatrice de jeux littéraires que je suis, en écoutant une émission à la radio (pour ceux que ça intéresse, Des Papous dans la Tête, tous les dimanches, 12h45, sur France Culture) au cours de laquelle Jacques A. Bertrand, qui est un des intervenants récurrents, lisait un des portraits de sales types, qu’il adaptait parfois à la thématique du jour. J’avoue avoir acheté le livre avant tout pour avoir accès aux portraits que j’avais raté les semaines où je ne pouvais pas écouter.
Bertrand est un écrivain « classique », le vocabulaire employé et même certaines références peuvent parfois perturber des lecteurs habitués au langage parlé très quotidien, et cependant, quoique sympathique et bien écrit, son style reste beaucoup plus agréable à entendre lire qu’à lire soi même. Néanmoins le contenu lui même vaut son pesant de chocolat (et vous savez, pour ceux qui me fréquentent via le blog, à quel point j’aime le chocolat).
Le dessin du sale type sent le vécu, c’est ce qui le rend si savoureux à la lecture. On rit en reconnaissant dans un portrait piquant un de ses proches, son patron, son conjoint, son voisin ou un ami… On rit encore plus quand on se reconnaît soit même.  Les portraits sont peu flatteurs mais on les sent remplis d’une certaine affection indiquant que l’auteur lui même se dessine parfois sous certains défauts. Chaque portrait, qui se veut à la fois une définition, une description et presque une excuse, comporte un petit comparatif avec le chien, le chien abandonné, le chien sauveteur, mais pas le médechien.
Des allusions dénotent une culture variée, vous trouverez des références aux grands noms de la littérature classique, à quelques perles cinématographiques ou à des exemples de la chanson française, pour ne nommer que cela.
La liste de catégories de sales types n’est pas exhaustive. D’ailleurs, vous trouverez, toujours chez le même éditeur (et pour le même prix), un tome à la couverture rouge et jaune sobrement intitulé Les autres, c’est toujours rien que des sales types ! proposant un nouveau catalogue de portraits parmi lesquels le gaulois, le Père Noël, le « Pipole » ou encore l’écrivain, signe que Bertrand est potentiellement ouvert à l’autocritique.

Je mets un bon 15/20 à ce livre, très bon même si le fait d’en avoir entendu des extraits à la radio me fait préférer la version orale à la version écrite. Un jour, ces textes seront utilisés dans des manuels scolaires (si l’école existe toujours).

Un Extrait : (et non, en fait, aujourd’hui, deux extraits, c’est cadeau !)
« Vous vous demandez sûrement -à bon droit- s’il existe des imbéciles malheureux. La réponse est non. Il n’y en a pas. Personne n’a jamais rencontré un Imbécile Malheureux à l’état naturel.
Cela s’explique aisément. L’Imbécile Malheureux ne serait plus tout à fait un imbécile. Il serait principalement malheureux, comme vous et moi. Les spécialistes de la psychologie des profondeurs -aujourd’hui appelée « science cognitive »- vous le confirmeront : l’imbécile n’a pas conscience d’être un imbécile.
Donc, si vous avez conscience d’être un imbécile, c’est précisément que vous n’en êtes pas un. Alors que, au contraire, si vous avez conscience d’être heureux, c’est que vous êtes probablement heureux.
Sauf si vous êtes un imbécile. »

« Le Vieux -qui, en général, a été jeune, mais qui a oublié ou alors ne s’en souvient que trop bien- s’accroche de ses pauvres doigts déformés par l’arthrose à son droit d’aînesse. Le Jeune, qui en principe, n’a jamais été vieux et ne se doute pas une seconde qu’il le sera un jour, essaye de le décrocher. »