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Dans ma bibliothèque – Vous reprendrez bien un peu de SF (française) ?

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Vous avez peut être remarqué que j’aime bien lire de la SF. Comme un certain gaulois enrobé dans la potion magique, je suis tombée dedans quand j’étais petite (ah zut, ça rime pas).
Un jour, quelqu’un m’a dit que les auteurs de SF français étaient tous « merdiques ». Nous n’avons sans doute pas lu les mêmes choses. Alors je sais que la France ne peut pas s’enorgueillir de génies de la plume futuriste comme en ont produit les USA ou le Royaume Uni, mais j’ai justement un contre exemple sous la main…

Le livre :
La Zone du Dehors est un roman d’anticipation écrit par un auteur français, publié pour la première fois chez Cylibris en 1999, puis réédité en 2007 dans une version comprenant un DVD bonus. Cette nouvelle version est assez difficile à trouver et quand même pas donnée donnée donc si vous n’avez pas les moyens vous le trouverez en poche à 10€07 chez Folio (sans le DVD, mais ça vaut tout de même bien le coup/coût).

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L’auteur :
Alain Damasio (un nom d’auteur, ce n’est pas son vrai patronyme) est un lyonnais qui a fait des études dans la branche scientifique avant de se lancer dans l’écriture à plein temps. Il a commis de nombreuses nouvelles, puis la Zone, et enfin son livre je crois le plus célèbre, récompensé en 2006 du Grand prix de l’Imaginaire, La Horde du Contrevent (et que je recommande aussi en passant). On espère, d’après les rumeurs, un nouveau roman en 2015 (sur lequel, pour info, je compte me jeter comme une abeille sur un pot de miel).

Mon avis :
Je pense avoir déjà distillé dans les paragraphes précédents quelques informations qui vous auront mis la puce à l’oreille : j’adore ce livre. Beaucoup de gens ont, du moins je crois, tendance à préférer la Horde, généralement parce qu’ils l’ont connue avant (j’ai moi même commencé par la Horde et acheté la Zone après) et sont déçus des différences entre les deux textes. Ou déroutés parce que le système de changement de narrateur d’un personnage à un autre est moins fluide que dans la Horde.
La Zone du Dehors se passe à Cerclon, sur un des satellites de Saturne (du moins, c’est ce qui est prétendu, même si dans la réalité je n’ai pas pu déterminer duquel il s’agissait, et pourtant je me pique d’avoir quelques connaissances en astronomie ^^).
La société de Cerclon se veut démocratique, ses membres sont classés selon leur comportement, que ce soit au travail, en société, partout. On y vit donc sous étroite surveillance. Le classement se reflète dans les noms, qui changent suite au clastre (soit le moment où chacun vient classer les autres, tous les deux ans) et qui donnent, suivant l’alphabet, des patronymes imprononçables. Naturellement,  l’ambiance de plomb d’une telle société ne serait pas vivable (*hum*) si quelques personnes, illuminées ou réalistes, ne venaient pas bousculer les conventions, et tenter de sortir la population d’une espèce de « torpeur bien-pensante » (le mot est de moi, attention au copyright) par des actions qui iront de plus en plus vers une radicalisation et de la violence, puis de l’indépendance. C’est la « Volte ».

Pourquoi j’aime, et surtout, pourquoi j’aime plus que la Horde (que je re recommande néanmoins, car c’est aussi très bon, vous l’aurez compris XD) ? Parce que c’est une anticipation qui sans être complètement originale (des gens qui se rebellent face à une société ultra surveillée et un peu rigide, ça ne vous rappelle rien ? ^^) a ses atouts, parce que cette société est quelque part fascinante, parce que la question de radicaliser les actions de la Volte pose un problème de conscience et même des questions qui dérangent, parce que je me suis attachée aux personnages comme ce n’est pas permis et parce que la fin que je craignais soit trop parfaito-guimauve, soit trop sombre-triste, est finalement bien dosée. La Horde a ses atouts aussi qui ne sont pas les mêmes, mais même si les idées et la réalisation sont excellentes et fascinantes, j’ai eu plus de mal à m’attacher… Et chez moi c’est un critère de jugement important.

Je mets un bon 18/20, parce que la perfection n’existe pas.
[j’en profite pour préciser que ces notes de même que les remarques et critiques que je mets dans ces articles sont un jugement personnel : vous êtes parfaitement libres d’apprécier un livre auquel je mettrais une sale note et de détester mes 18/20. Tous les goûts sont dans la nature.]

Un extrait :
«  […]  Deux vigiles montent à notre rencontre, costume noir.
– Bonsoir, messieurs-dames. Vous n’avez vu personne de louche là-haut ?
– Quelques drogués c’est tout. Qu’est ce qui se passe en bas ?
– Personne qui courait ? Qui vous a paru nerveux ?
– Non. Des drogués oui. Ils sont….
– Merci.
Ils nous bousculent presque en passant, tant ils sont pressés. Nous continuons à descendre. Nous virons au dernier lacet lorsqu’un groupe de six gardiens de parc, costume vert, emprunte l’escalier.
– Puis-je vous identifier, s’il vous plaît ?
– Qu’est-ce qui se passe dans le lac ? Il y a des problèmes ?
– De gros problèmes. B-D-C-H-T : tu vérifies, Fklep ? Le système magnétique est en train de se détraquer.
– Elle est étudiante. Père I-W-W-F, un 4-lettré ; mère A-A-J-L-O.
– C’est bon.
– L’autre c’est Captp : C-A-P-T-P.
– Vous êtes professeur d’université, c’est ça ?
– C’est cela.
– Vous venez d’être promu 4-lettré, à ce que me dit ma banque.
– Et je vais fêter ça !
– Vous avez bien raison ! Allez-y !
Nous décrispant très difficilement, nous longeons vite les rives jusqu’à hauteur de la piste 44, où nous devons retrouver les autres. Il reste plusieurs milliers de technoloques dans l’eau, […] »

Et la semaine prochaine, pour changer un peu de la SF, on parlera de parodie !